Je me souviens encore de ce jour comme si c’était hier. C’était il y a dix ans de cela, j’avais six ans à peine et je jouais dans la salle de salon après être sorti du bain. Mon père n’était pas à la maison : il préparait une expérience de voyage dans le futur au laboratoire à côté de chez nous. Ma mère préparait à manger et moi j’étais là, enfant innocent vivant une vie normale avec sa famille. À six ans, vous ne pouvez pas imaginer que votre vie peut basculer en simplement une fraction de secondes. En une minute, vous pouvez frôler la mort et si vous avez de la chance vous en sortir. À six ans vous n’imaginez pas les dangers autour de vous et c’est en ces moments-là que l’innocence des enfants aide. Dites moi, combien d’enfants à votre avis voient leur vie changer à l’âge de six ans ? 1/10 ? Probablement. Eh bien je faisais parti de cette minorité et en une minute, non une seconde j’ai vu ma vie prendre un tournant bien triste.
Il était environ 11h lorsque je suis allé voir le public en face du laboratoire de mon père. Pendant un instant j’étais fier ; je me disais qu’on venait admirer celui qui m’avait en parti créé et qu’un jour je serais également comme lui, admiré de tous et de toutes. Maman me cria de ne pas trop me pencher. Et puis d’un seul coup, j’entendis un bruit sourd. Les gens se mirent à courir et il me fallut un certain temps pour comprendre ce qui arrivait : il y avait eut une explosion dans le laboratoire. À priori, il n’y avait qu’une vitre de cassée et je ne m’inquiétais pas tant que cela. Mais après quelques secondes, une autre explosion pris place mais cette fois-ci beaucoup plus imposante. Je sentis le sol trembler et ma mère hurlant mon nom. Pour ma part, je ne comprenais plus rien et je pensais que tout cela n’était qu’un malheureux cauchemar. Mais lorsque les flammes envahirent la pièce, je compris que quelque chose n’allait pas. La voix de ma mère s’était éteinte de je n’entendais plus que le son des flammes crépitant et se rapprochant de moi. Je commençais à crier et tentais de voir un signe de vie de ma pauvre mère mais rien ne se fit entendre. Après quelques secondes qui me parurent être les plus longues de ma vie, je distinguais une silhouette se précipitant vers moi. Je crus d’abord au mirage : pour moi, personne ne pouvait changer ce qui arrivait et il était clair que j’étais condamné à mourir ici avec ma mère. Pourtant les mains de l’homme étaient réelles et lorsqu’elles me prirent, je sentis l’espoir en moi. Il me sorti de chez moi et m’emmena à l’extérieur d’où je pus admirer l’horrible spectacle. Les flammes sortaient de partout et dévoraient l’immeuble à une vitesse folle. Je cherchais ma mère du regard tandis que l’homme m’aidait à tenir debout. Cependant, je ne vis personne lui ressemblant et c’est là que je réagis.
« Maman… Il faut que j’y retourne ! Maman est toujours dedans ! Il faut que j’aille la chercher ! »
Je me débattais, cherchant un moyen de retourner dans l’immeuble en flammes mais ma force n’était pas de poids face à celle de l’inconnu me tenant. Je me souviens encore de ces paroles qui m’ont sauvé d’une mort certaine.
« Petit ! Il est trop tard pour elle ! L’immeuble va exploser ! Si tu y retournes, tu y resteras toi aussi ! »
Sa voix était dure mais douce à la fois, comme s’il voulait me dire l’atroce vérité d’une manière calme et gentille. Les larmes commencèrent à couler le long de mes joues et l’homme au chapeau m’emmena un peu plus loin pour ma sécurité. Ce fut la dernière fois que je le vis, cet homme qui m’avait sauvé de ma folie et ma mort. J’étais totalement détruit et le jour de mes sept ans, on m’annonça que j’allais être adopté par une italienne très riche assez âgée. On m’envoya donc à Venise et la femme que je rencontrais là-bas était fort charmante. Elle me prit tout de suite sous son aile et fit de moi un enfant heureux malgré certaines blessures qui ne se refermaient toujours pas. Je ne manquais de rien, j’avais une famille, de l’argent, du luxe, tout ce que j’aurais voulu, mais les meilleures choses sont celles qui se terminent le plus vite. J’avais onze ans lorsque la mafia prit le pouvoir. Les rues étaient devenues des piscines à sang et les gens mourraient dans la ville qu’était Venise. À la maison, nous restions cachés et je compris rapidement que ma famille adoptive était supposée financer tout ce massacre. J’étais intelligent et ça je pense que la mafia l’avait compris puisqu’ils débarquèrent chez nous un jour comme les autres. On me cacha dans une trappe secrète et on m’ordonna de rester là jusqu’à ce que l’on m’appelle. J’obéis et attendit. Le temps passa et je trouvais que l’appel se faisait long. Je pris donc le risque et je sortis ma tête de la cachète ; enfant que j’étais je n’étais pas prêt à voir l’atroce spectacle qui était là. Le sang était partout, sur les murs, au sol, même parfois au plafond et les corps de ma famille gisaient sur le sol. Je ne comprenais pas. Moi, moi, j’étais un garçon normal ! Un bon garçon ! Un garçon comme les autres ! J’avais les cheveux blonds, des yeux bleus, on me disait mignon, on m’aimait ! J’avais du luxe, aucun souci à l’école et pourtant tous ceux que j’aimais étaient illuminés les uns après les autres ! Je m’étais toujours bien comporté, on me respectait mais alors pourquoi ? Pourquoi tout cela m’arrivait-il ?! Je me mis à errer dans la rue, achetant des bouts de pain aux marchands pour survivre. La vie n’était plus la même et la joie qui se trouvait à Venise avait totalement disparue ; elle avait cédé sa place à la peur, la famine, le danger. Je grandis dans cette ambiance avec d’autres enfants oubliés, abandonnés. J’étais l’un des plus âgés de la bande et j’aidais les petits mais parfois, cela ne suffisait pas. Je voyais des gosses d’à peine cinq ou six ans crever devant mes yeux mais c’était comme ça à présent. La mort était permis nous et pouvait surgir à n’importe quel moment. Nous avions tous peur.
Les années passèrent et je fêtais mon quinzième anniversaire avec mes amis. C’est à ce moment-là que j’eu le déclique. Je compris quelque chose. J’entendis parler de ce groupe qui avait décidé de se rebeller contre le parrain mais cela ne me tentait pas. Beaucoup de mes compagnons se joignirent à ce groupe mais pas moi ; j’avais un but bien plus grand, quelque chose de gros, d’énormes que je ne pourrais pas partager avec autant de monde. Je ne visais pas à renverser la mafia, non, loin de là. Je cherchais à raser toute la surface du globe pour pouvoir tout recommencer. Mon intelligence était mon arme et je testais des machines de tout genre pour parvenir à mon but. Ma haine était énorme et elle l’est toujours d’ailleurs.
Mon comportement était différent de celui du petit Clive : je n’étais plus innocent et gentil. J’étais à présent manipulateur, haineux, intelligent et distant. Je n’éprouvais plus le plaisir d’aimer et mon seul but était de venger les miens, ceux qu’on avait détruit pour avoir des avancées, le pouvoir ! Des choses inutiles comparées à la vie d’un être humain. La race humaine était devenue avare, ne pensant qu’à soi-même c’est pour cela qu’il fallait tout détruire et tout recommencer sur de nouvelles bases. Une poignée d’humains serait gardée pour recommencer dans un monde nouveau. C’était mon idéal et ça l’est toujours.
À présent, rien n’a vraiment changé : Venise est resté une ville de chaos et j’ai enfin seize ans. Mon comportement est le même qu'auparavant, je me sers des gens, je les manipule pour arriver à mes objectifs. Devrais-je avoir honte de cela ? Je ne le pense pas car si cela peut m'aider à recréer le monde alors je n'ai aucun problème avec ça. Je suis toujours aussi solitaire et étrange. Mon physique n'a pas vraiment changé non plus si ce n'est que j'ai bien grandi ; à vrai dire, on me prend souvent pour un homme de dix-huit ans. Mes cheveux sont toujours blond ce qui est plutôt surprenant étant donné le climat qui règne à Venise. Mes yeux restent bleus ce qui me différencie de beaucoup de gens. Il est aussi clair que je ne m'habille plus comme à l'époque : je porte généralement une veste à capuche pour éviter de me faire voir car, il faut le dire, être blond c'est difficile à cacher ! Sinon, je continue de chercher un mode de révolution et je vis une vie plutôt bonne comparée à certains habitants : mon appartement a l’eau, l’électricité et au moins j’ai un toit. Je sais me protéger sans problème et j’ai quelques connaissances qui m’aident sur ce point-là. Mon intelligence s’est développée, je créé toujours des tas de projets et cherche comme tout le monde à découvrir qui se cache derrière tous les massacres qui ont été commis dans notre ville. La violence règne toujours ici et c’est d’ailleurs ce qui fait peur aux gens. Le groupe de rebelle agis toujours et semble plus unis que jamais mais j’en suis certain, je ne me joignerais pas à eux. Ma vengeance sera accomplit, c’est Clive qui vous le dit. Je changerais ce monde de manière à ce que justice soit accomplie.