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 Rébellion ! - PV Machiavelo

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Rébellion ! - PV Machiavelo Vide
MessageSujet: Rébellion ! - PV Machiavelo   Rébellion ! - PV Machiavelo Icon_minitime1Dim 18 Juil - 1:57


RÉBELLION !
Quand les commodes à sous-vêtements se font entendre.

Yunnan ouvrit lentement la porte grinçante de son petit appartement. Elle avait passé une nuit plutôt agitée : elle avait dû aider un homme bizarre à s'infiltrer dans une entreprise. Étant donné que c'était pour son travail, elle avait à contrecœur accepté de le laisser l'approcher à moins de dix mètres, bien qu'il ait l'air vraiment, vraiment louche. Erreur. Cet homme avait jugé opportun de la serrer contre elle en riant et de raconter des blagues pas drôles. S'il y avait eu un gardien de nuit dans cette entreprise, il aurait pu retrouver les intrus les doigts dans le nez et les pieds liés ! Qui plus est, ce type ne sentait pas bon de la bouche, et pis encore, il puait l'alcool à au moins vingt mètres - Yunnan avait compté pendant qu'il s'occupait de sa mission. Quoiqu'il en soit, elle avait vite fait son travail, récupéré son argent et était partie. Mais l'homme l'avait suivie. Horreur ! Alors elle avait commencé à courir. Lui aussi. Damnation ! Yunnan avait longé les ruelles, grimpé sur des caisses en bois, escaladé des grillages. Elle avait l'impression d'être poursuivie par le plus endurant des zombis, le plus coriace des méchants. Puis finalement, elle s'était retournée. Elle était essoufflée, elle ne pouvait plus courir. Elle devait faire quelque chose. La jeune fille glissa sa main dans la sacoche qui accompagnait son déguisement, attrapa son revolver et le pointa maladroitement sur le pied de l'homme. Elle détourna les yeux et tira. Puis la main tremblante, elle jeta un œil au misérable, tout en rangeant son arme Le regard haineux et le cri de douleur qu'il lui adressa suffit à lui rendre son souffle, et elle détala comme un lapin.
Yunnan jeta un œil à sa petite montre gousset.
Quatre heures du matin.
Elle tituba jusqu'à sa chambre, jeta sa perruque dans un coin et se laissa tomber sur son lit, sans prendre le temps de retirer le reste de son déguisement. Elle était exténuée.

Lorsqu'elle se réveilla, il était déjà neuf heures et des poussières. La jeune fille cligna des yeux avec force. Ah, oui. Son déguisement d'hier soir avait des lunettes, et elle les avait gardé pour dormir. Elle les retira, et observa son reflet déformé dans le miroir cassé qui occupait sa chambre. Les deux traces rondes qui encadraient ses yeux la firent sourire. Le fait qu'elle se soit endormie sur le ventre avec des lunettes sur le nez l'amusait. Elle se leva, et décida de se changer pour porter une tenue plus décente. En gros, il fallait abandonner ces fripes ridicules pour porter quelque chose de mieux. Quitter toutes ces couleurs pour du rouge, donc. Elle enfila un haut et une jupe rouge, ainsi que des chaussettes blanches ornées de dentelle - dentelle rouge, évidemment. Elle attrapa son petit porte-monnaie en cuir rouge, et se dirigea lentement vers la porte. C'était l'heure des croissants chauds.
Quand soudain, son pied dérapa en avant.
Avec la grâce mêlée d'un cachalot échoué sur la plage et d'une méduse écrasée, Yunnan s'écroula en arrière. Sa tête heurta brusquement le coin d'une commode. Elle perdit connaissance.
Cette commode, c'était celle où elle rangeait ses sous-vêtements et ses chaussettes. En général, elle changeait de sous-vêtements en rentrant, et mettait ses chaussettes en sortant de chez elle. C'était donc avec une logique toute à fait mathématique que la commode à sous-vêtements avait été placée dans le salon. Cette commode avait toujours été loyale et fidèle, et n'avait jamais failli à son rôle. Il faut croire qu'aujourd'hui était un début d'apocalypse, une preuve que l'anarchie avait envahi Venise. C'était la fin du monde. Soit ça, soit un jour où Yunnan avait mis des chaussettes trop glissantes qui avaient fait mauvais ménage avec sa fatigue. Mais nous préférons supposer que cette chute est liée à l'Armageddon.

Yunnan sursauta et se releva d'un seul coup. Deux mots résonnaient dans sa tête ; anarchie, chaussette. Soit. Elle ne chercha pas à comprendre, et préféra masser l'arrière de son crâne d'une main indulgente. La douleur était vraiment désagréable ; l'anglaise en fronçait le nez. Elle sentit un liquide chaud couler le long de sa nuque, s'imprimer sur ses doigts, rentrer sous ses ongles. Elle regarda sa main. Elle était immaculée d'un liquide rouge. Liquide rouge bien familier pour bien des personnes en ce monde... En voyant ça, la jeune fille se sentit pâlir. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Sinon, sa blessure risquerait de s'infecter, de pourrir, et elle attirerait les mouches. Et son cerveau dégoulinerait par le trou. Et elle ne s'en rendrait pas compte, et il y aurait plein de bouts de cerveau sur le sol. Et toutes les autres choses horribles qu'elle racontait à Lucy les soirs d'été lors de leurs soirées « histoires qui font peur » pourrait bien lui arriver.

Elle attrapa un chiffon de cuisine qui traînait sur une table croulante du salon, le plia en quatre et le maintint sur sa blessure de la main gauche. De la main droite, elle attrapa ses clés d'un geste flou, et ouvrit laborieusement sa porte d'entrée. Elle sortit en titubant, passa le pont puis se dirigea lentement vers l'hôpital. Elle avait beau essayer de garder son calme, le regard des gens la gênait. A cause de cette foutue blessure, elle n'avait même pas pris le temps de se déguiser. Elle se sentait comme nue. Tout le monde la voyait comme elle était. Quelle abomination.
Une fois arrivée, la jeune fille se présenta aux urgences. D'une voix timide, elle avait chuchoté qu'elle saignait beaucoup de la tête et qu'elle aimerait bien que cela ne s'infecte pas. On la fit asseoir dans la salle d'attente, en disant qu'on la recevrait bientôt dans une salle et qu'on s'occuperait de sa blessure. La dame de l'hôpital avait l'air très attentionnée. Il faut croire qu'elle n'avait pas résisté au numéro triomphant de la petite fille blessée qu'avait interprété Yunnan. Enfin... interprété... Peut-être pas. La douleur se répandait dans tout son crâne, lui écarquillait les yeux et glissait comme un serpent glacé dans ses épaules.
Mais plus que la douleur, Yunnan ressentait surtout de la honte.
Sa honte s'emparait d'elle, lui faisait monter le sang au visage. Elle, héroïne censée plonger Venise dans l'angoisse, représentante des contes en cette ère difficile, lady digne et fière ! Elle, créature de la nuit, légende urbaine enfantine ! Elle, avait été terrassée comme une pauvre gueuse par une commode à sous-vêtements.
On l'emmena dans une salle vide.
Blanche.
Lumineuse.
Éclatante.
Radioactive, sans aucun doute.
La lumière lui brûlait les yeux. Yunnan réussit tout de même à les garder entrouverts. Elle avait déjà assez honte comme ça, et n'avait pas l'intention de se laisser terrasser par de simples protons ! Elle s'autorisa tout de même une halte dans sa dure bataille et baissa la tête et ferma les yeux pendant une dizaine de secondes.
Grincement de porte.
Quelqu'un entra. Yunnan sentit des frissons parcourir le bas de son dos. Elle espérait qu'on l'aiderait et qu'ensuite elle pourrait partir. Elle priait pour qu'on ne lui pose pas de questions. Elle promena son regard sur le sol.
Si elle avait l'air suffisamment gênée, peut-être qu'on ne lui poserait pas de questions.

[ Lieu temporaire choisi par les forces de l'aléatoire :3 ]
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Machiavelo D. Rosso

Machiavelo D. Rosso

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Rébellion ! - PV Machiavelo Vide
MessageSujet: Re: Rébellion ! - PV Machiavelo   Rébellion ! - PV Machiavelo Icon_minitime1Jeu 12 Aoû - 5:13

    6 : 00 A M

    « Tu lu lu lu… Tu lu lu lu… Tu lu lu lu… »

    *Ah non, pas déjà…*

    « Tu lu lu lu… Tu lu lu lu… »

    Oh si, semblait dire la sonnerie. Déjà.

    « Tu lu lu – clic ! »

    Il ne me fallut qu’un instant pour trouver le réveil et l’éteindre en tâtonnant. L’avantage avec ces vieux modèles, c’est que la sonnerie est aussi bruyante qu’efficace. Voilà ce que c’est, d’aimer tout ce qui est rétro… Celle-ci restait tout de même très bruyante, et s’il y avait bien une chose qui arrivait à m’agacer dès le matin, c’était d’entendre ce son strident alors que j’avais l’impression de m’être endormi seulement deux heures auparavant. Ce qui était peut-être le cas. Voilà ce que c’est, de bosser 24/24H…

    *Bon.*

    Allez Damon, on prend une grande inspiration, on ouvre les yeux et on se lève. J’ouvris les yeux. Bien. Maintenant on se lève. J’ai dit "on se lève".

    *Ah non. Ça ne va pas être possible, ça.*

    En ouvrant les yeux, une scène d’horreur s’était imposée à moi. Mon lit, sans dessus-dessous. Etonnant, étant donné que je n’ai pas le sommeil agité – du moins pas quand je dors seul. Mais le pire était à venir. De là où j’étais, j’apercevais le reste de mon appartement. Et ce n’était pas beau à voir. Pas du tout. À moitié effaré, je sautai du lit et titubai jusqu’au salon. Et là, alors que je me demandais ce que j’avais bien pu faire la nuit précédente, j’aperçus quelque chose au milieu du canapé renversé, du lampadaire digital à moitié explosé et des coussins défoncés… ou éventrés, je n’osais pas vérifier. Là, cette veste… je la connaissais. Damned. IL était revenu.

    *Oh non, c’est pas vrai. Damon, tu n’as pas fait ça ? Jamais ici, on avait dit…*

    Sam ! B… bordel !

    Le mot m’avait échappé. Je parlais toujours n’importe comment quand je pétais un plomb. Je détestais ça. Mais le pire était de savoir que j’avais fait subir ÇA à mon appartement. Une liste d’autres mots pas jolis du tout défilait dans ma tête tandis que j’essayais d’évaluer la situation. Il allait me falloir des heures pour tout ranger, tout nettoyer et réparer ce qui pouvait l’être. Et je devais être à l’hôpital dans moins d’une heure.

    *Merde.*

    Voilà pourquoi je ne bossais pas chez moi. Surtout avec des clients comme Sam. Parce qu’il était du genre… violent. Le voilà d’ailleurs qui apparaissait par la porte de la salle de bains. Une vraie armoire à glace. Et aussi calme qu’à son habitude. (Sauf quand il se mettait en tête de destroyer l’intérieur des autres, évidemment.) En temps normal, je l’aimais bien. Mais là tout de suite, je le haïssais. Saleté de tueurs à gages. Ou quoi qu’il puisse être.

    Qu’est-ce que t’as à crier dès le matin ?

    Calme, Damon. Calme. Sam t’apprécie aussi un minimum, mais si tu lui hurles à la figure il ne sera pas content. Et il fait deux fois ton poids. Et ses mains ressemblent à des étaux. Et il a un regard plus méchant que toi-même quand il ne se force pas.

    T’as… (inspire, expire) tu as encore fout… fichu le b… (inspire, on a dit !) … Tu as vu l’état de mon appartement ?

    Bon. Là, j’avais réussi à m’exprimer sans avoir l’air d’une ménagère outrée. Ce qui était dur, étant donné que la saleté et moi, ça faisait trois. Sam haussa les épaules. Non, il n’avait pas le droit ! C’était ma réplique, ça ! Bon… Damon, calme-toi on a dit. N’oublie pas qui tu as en face de toi.

    Tu veux peut-être que je t’aide à ranger ? Ou bien tu préfères un autre genre de compensation ?

    Sourire de requin lourd en sous-entendus. Ça le faisait marrer. Je lui répondis par une grimace. Comme je restais les bras ballants, il enfila son t-shirt, sa veste et ses chaussures, réajusta son arme à sa ceinture puis me tendit une liasse de billets. Je devinai sans avoir besoin de le vérifier qu’il y avait plus que la somme que je demandais habituellement. À nouveau, il sourit :

    Tiens, je dois aller bosser.

    Je ne cherchai même pas à imaginer ce que ça voulait dire pour lui, me contentant de fixer l’état général de mon appartement avec un air renfrogné (sans oublier d’empocher l’argent quand même) :

    C’est ça.
    Passes une bonne journée.

    Je te hais.

    C’est ça.
    Et mets un froc.
    C’est ç… hein ?

    Je baissai les yeux et les refermai brièvement. C’était donc pour cela qu'il ne cessait de sourire d’un air franchement amusé. Bon. La journée promettait d’être particulièrement longue.

    *


    10 : 00 A M

    Pause café dans quinze minutes !
    Aïe.

    Laïla était une de mes collègues. Une accro à la caféine. Et à chaque fois qu’elle me voyait, il fallait qu’elle me défonce l’omoplate avec une tape digne d’une accolade entre rugbymen. Comme si j’avais la carrure pour supporter cela.

    J’ai dit : Pause café dans quinze minutes.
    J’avais entendu.

    Avais-je l’air aussi endormi que cela ? Apparemment oui, car Laïla s’éloigna et je pus lire sur ses lèvres les mots "quinze minutes". Etant donné qu’avoir l’air endormi était continuel chez moi, je supposais que pour que quelqu’un que je croisais tous les jours me le reproche… enfin bref, disons que je ne voulais même pas savoir de quoi j’avais l’air. De toute manière, la pause café pouvait attendre. Je finis de déposer deux boîtes d’aspirine et du désinfectant dans la réserve et, après réflexion, piochai tout de même un cachet dans le premier emballage. L’avantage avec les médicaments modernes comme celui-ci, c’est qu’ils se dissolvent tous seuls et très rapidement. En moins de cinq minutes, je me sentais déjà mieux. J’avais encore des cernes – sans parler de mes yeux rouges – mais j’avais l’air légèrement plus… réveillé. En fait, constatai-je en passant devant une glace, j’avais l’air normal. C’est donc presque remotivé (après tout, mon appartement avait meilleur mine quand je l’avais quitté et je n’étais pas arrivé en retard à l’hôpital) que je me dirigeai vers le chef du personnel. Je ne l’avais jamais vraiment apprécié, celui-là. Sa façon de me regarder surtout me gênait. J’étais peut-être parano, mais je trouvais qu’il avait un peu le même regard que ces types que vous croisez parfois dans un coin louche et qui ont l’air de ne rêver que d’une chose : vous coincez dans une ruelle sombre pour vous zigouiller. Ou vous… enfin bref. C’était peut-être pour ça qu’il m’envoyait toujours à la réserve, ha ha… ha.

    Tiens, Rosso. C’est pour toi.

    Je pris le dossier qu’il me tendait et levai les yeux en quête de précisions.

    Salle B108. La patiente saigne à l’arrière de la tête.
    D’accord.
    Elle est arrivée depuis un moment alors grouilles-toi.
    D’accord.
    Et… Rosso ?

    Je me retournai juste avant de tourner au coin du couloir. Il avait toujours ce même regard, mais je le soutins en le fixant d’un air neutre au possible.

    Fais-moi disparaître cet air de déterré, tu ressembles à un drogué.

    Sourire forcé.

    Super.

    *


    Nous y étions. Salle B108. Ce n’était pas très grand, il y avait juste ce qu’il fallait de matériel, mais c’était blanc et lumineux. Comme mon mal de crâne menaçait de revenir au galop, je pris un autre cachet d’aspirine avant d’entrer. Parce que j’avais gardé la boîte sur moi, oui. Au cas où. Un patient qui hurle, un collègue qui fait des blagues lourdes… c’est vite fatiguant. Puis je mis une nouvelle paire de gants, parce là encore j'en avais en réserve, vu que j'en changeais toutes les heures (au minimum). J’entrai finalement en saluant la patiente, avec le sourire habituel et le ton poli à l’appui, pour qu’on ne vienne pas me dire que je ne faisais que traumatiser mes patients :

    Bonjour mademoiselle.

    Je pris un instant pour feuilleter le dossier que m’avait remis le chef du personnel. La secrétaire de l’accueil n’avait pas fait grand-chose à part préciser la cause de sa présence ici et cocher le petit "F" qui signifiait qu’il s’agissait d’une personne de sexe féminin. Au cas où je n’aurais pas été capable de m’en apercevoir par moi-même. Bien sûr.

    N’importe quoi, marmonnai-je pour moi-même en m’autorisant un soupir excédé.

    Bon. Inutile de s’énerver pour si peu. Après tout, il y avait des patients qui arrivaient sous le choc, ou qui était tout simplement peu bavards, ou trop timides pour parler. C’était peut-être le cas de celle-ci. Il n’empêchait que j’avais besoin d’un minimum d’informations pour travailler. Je m’apprêtais à lui demander tout ce qui me manquait, quand je remarquai son air gêné. Et là, sans prévenir, le conseil d’un de mes collègues me revint en mémoire. Ce qui est stupide, car je n’écoute jamais ce genre de propos. Il n’empêchait… « Fais preuve de tact, Damon. Tact et délicatesse. » J’avoue que je laissais souvent ces deux-là de côté quand je travaillais. Ce qu’en pensaient mes patients ou mes collègues m’importait peu ; après tout les premiers n’attendaient qu’une seule chose : être soignés ; quant aux seconds, ils ne faisaient pas le boulot à ma place. Alors qui se souciait du tact ? Mais le chef du personnel avait déjà eu vent de mon comportement, et je ne tenais pas vraiment à ce qu’il me prenne entre quatre yeux pour m’expliquer ce qui signifiait le concept. C’est pourquoi, malgré ma fatigue et mon agacement (l’image de mon appartement dévasté me revenait sans cesse à l’esprit, c’était plus fort que moi ) je pris sur moi et décidai de me montrer délicat au possible.

    Bon, alors… mademoiselle… (la secrétaire n’avait même pas pris la peine de lui demander son nom) … mademoiselle. Où avez-vous mal ?

    Oui, bien sûr que je savais où elle avait mal, mais c’était le genre de questions que l’on posait par principe. J’enchaînai par quelque chose de plus utile :

    Qu’est-ce qui vous est arrivé ?

    Toujours en ayant l’air gentil au possible. On aurait dit ce film horrible que j’avais vu l’autre soir, où un type embarquait des enfants dans sa voiture à la sortie de l’école pour les violer. Un peu plus et je lui proposais des bonbons. Non, non ça n’allait pas. Je détestais avoir l’air aussi… niais. En plus, je perdais un temps fou. C’est donc sur un ton un peu plus naturel (entendez "monotone") que j’enchaînai :

    Vous permettez que je vous examine ?

    Question stupide s’il en était. Si elle ne le permettait pas, je ne pourrais pas la soigner, c’était aussi simple que cela. Mais là encore, c’était une question de principe. Et puis, c’était faire preuve de tact, non ?
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Rébellion ! - PV Machiavelo Vide
MessageSujet: Re: Rébellion ! - PV Machiavelo   Rébellion ! - PV Machiavelo Icon_minitime1Mar 17 Aoû - 8:36


Yunnan releva timidement les yeux.
A la voix qui l'avait saluée, elle avait pu déduire que c'était un homme qui était entré dans cette salle. Il avait l'air plutôt grand. Ou peut-être pas. Vu qu'elle faisait une taille assez médiocre, tout le monde lui semblait grand, dans cette ville, en fait. Venise, une ville de géants. Ce qui pouvait s'avérer assez problématique, surtout qu'avec son métier, il était parfois nécessaire d'évaluer correctement les tailles des êtres humains. Car il y a des choses que les gens qui font un mètre quatre-vingt voient et que d'autres ne voient pas. Et lorsque l'on est spécialisée dans l'infiltration, il est parfois très important de ne pas être vue.
Elle suivit du regard le monsieur. Il n'avait pas l'air très vieux. En tout cas, il n'avait pas de cheveux gris, ni de rides. On dit que les jeunes sont plus indulgents entre eux. Peut-être qu'il serait indulgent avec elle. Ou peut-être pas, au contraire. De toute façon, les gens qui travaillaient dans le domaine médical étaient tous des psychopathes aux sautes d'humeurs imprévisibles, et tout le monde le savait. Enfin, ils étaient déjà moins louches que les chiens du Parrain, c'était déjà ça. S'ils ne l'étaient pas, mais où irait donc le monde ?

« Bon, alors... mademoiselle... mademoiselle. Où avez-vous mal ? »

...
Yunnan se crispa. Elle sentit ses doigts se tordre pour froisser ses mains en deux petits poings serrés. Elle avait presque envie de sortir de la salle, et de dire aux autres que ce n'était pas très drôle d'envoyer des idiots à des personnes sur le point de mourir, qu'elle avait mieux à faire et qu'elle n'était pas là pour rigoler. Non parce qu'il y a des gens qui souffrent, ici, alors les blagues pourries vous pouvez ouvrir un petit magasin familial si vous voulez tellement en faire aux honnêtes gens, d'abord.
Néanmoins, ayant pitié de ce pauvre homme - décidément, elle ne rencontrait que des trisomiques, ces derniers temps -, la jeune lady pointa du doigt l'arrière de son crâne. Elle n'eut même pas le temps d'inspirer pour prononcer la phrase qui allait avec ce geste éloquent qu'il enchaîna sur une autre question.
Une autre question, beaucoup plus gênante.
Mais alors vraiment.

« Qu'est-ce qui vous est arrivé ? »

PANIQUE.
Yunnan écarquilla les yeux, froissant sa jupe de ses deux petites mains.
PANIQUE.
Il avait demandé. Il avait demandé. Mais il n'était bon qu'à poser des questions bizarres, celui-là, ou quoi ?! Il fallait répondre. Il fallait répondre quelque chose. Il fallait dire quelque chose. Une lady ne laisse pas une question sans réponse. Il fallait lui répondre. Yunnan avait bien entendu l'autre question du monsieur, mais elle avait préféré la laisser de côté ; celle-là elle était facile, elle s'en occuperait plus tard. Pour l'instant, il n'y avait que ces sept mots qui résonnaient dans sa tête.
PANIQUE.
Comment raconter ce qui lui était arrivé ? Elle ne pouvait décemment pas exposer les faits tels quels. Bonjour monsieur, je suis le petit Chaperon rouge, je souhaite rénover les pensées de tout Venise et réinventer la notion de contes, et je suis en train de mourir à cause de ma commode à sous-vêtements.
NON, ELLE NE POUVAIT PAS.
Yunnan réfléchit. Il fallait trouver quelque chose de plausible. Parfaitement. En tant que lady, elle n'avait pas pour habitude de mentir. Mais là, maintenant, il fallait trouver quelque chose de plausible. Elle mit donc mentalement de côté toute histoire incluant des poneys, le grand méchant Loup et Green Lantern. Il fallait garder son calme. Elle pouvait le faire. Elle pouvait.

Le temps de trouver une explication parfaite, elle reprit en compte la dernière question du monsieur aux cheveux noirs. Il voulait l'examiner. Soit. Qu'il l'examine. Elle hocha doucement la tête à son intention. Il fallait peut-être qu'elle fasse un geste spécial, qu'elle baisse la tête ou qu'elle l'incline vers lui, elle ne savait pas. Bah, il demanderait si jamais il avait besoin de quoique ce soit, de toute façon.
Raconter ce qui lui était arrivé.
C'est bon, elle l'avait trouvé, elle avait l'histoire parfaite. Elle prit une grande inspiration, se redressa, et lança un regard déterminé à son interlocuteur.

« En fait, je... Je me promenais innocemment dans les rues de mon jardin. Quand soudain, cinq grand garçons bizarres sont arrivés ! Et ils... Ils ont dit qu'on devait se battre ! »

En prononçant le « se battre ! », Yunnan avait resserré ses petits poings et affiché un air confiant. Oui, parfait. Tout était parfait. Un pur alibi. Rien ni personne n'aurait pu la contredire tant elle avait l'air à fond dedans.

« Alors moi je leur ai dit que je ne voulais pas car ce n'était pas correct. Quand soudain, tous les six, ils ont arraché leurs vêtements, et en dessous, ils avaient exactement les mêmes. Et ils ont sorti des couteaux, et du coup j'ai dû répondre à leur défi, et me battre. »

Elle hocha la tête d'un air grave.

« Sauf qu'il y en a un qui avait une batte de baseball. Et, alors que j'étais occupée à taper les trois autres, il s'est faufilé derrière moi et m'a tapé la tête. »

A cette phrase, elle sortit son expression faciale de petite fille victime de la vie dont les parents se sont faits tuer par des jambons géants et dotés de parole.

« J'étais un peu sonnée, alors ils en ont profité pour partir tous les sept, parce qu'ils devaient aller prendre le thé et jouer à la poupée. »

Ses yeux se teintèrent d'humidité, deux larmes étant sur le point de naître. Ce récit en lui-même était tellement bouleversant en lui-même qu'elle en avait les larmes aux yeux. De tous les mensonges qu'elle avait jamais dit, celui-là était sûrement son chef-d'œuvre. Une cerise sur le gâteau de sa vie. Plus sérieusement, si Yunnan savait très bien en général quels mots dire et à quel moment les dire - fait que son père avait férocement subi -, les histoires inventées n'était décidément pas son fort.
Vous serez donc adorables de passer sous silence les incohérences numériques et de ne pas briser sa maigre illusion. Merci.
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Machiavelo D. Rosso

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Rébellion ! - PV Machiavelo Vide
MessageSujet: Re: Rébellion ! - PV Machiavelo   Rébellion ! - PV Machiavelo Icon_minitime1Mer 25 Aoû - 6:12

    Et bien soit. Ne brisons pas les maigres illusions de la patiente. Seul mon haussement de sourcil aurait pu traduire le jugement que je portais sur cette prétendue 'attaque'. Certes, j'avais déjà eu affaire à des patients qui mentaient pour cacher la raison de leur venue à l'hôpital. Mais en général, ils avaient l'air un minimum convaincants. Celle-ci avait juste l'air convaincue. L’acharnement qu'elle mettait dans son mensonge semblait complètement déplacé ; n'importe qui se serait rendu compte que son histoire ne tenait pas debout. Le début m’avait semblé correct, mais à partir du moment où elle était passée de cinq agresseurs à six, j’avais eu de sérieux doutes. Et même si j’étais débile, la précision concernant le thé et les poupées m’aurait mis la puce à l’oreille. Sans compter le fait que, d’un instant à l’autre, elle était passée du statut de 'patiente muette' à celui de 'patiente trop bavarde-qui-parlait-trop-vite'. Bon. Il faut savoir qu’à cet instant, j’étais en train de piocher du coton, du désinfectant et des ciseaux dans un tiroir. Pas tout à fait face à elle, mais pas de dos non plus, de sorte que je ne pus cacher un bref sourire ironique.

    Un peu sonnée, en effet, commentai-je en posant le coton, le désinfectant et les ciseaux, préférant sortir un stylo de ma poche.

    Franchement, j’avais de ces cas… La pointe survola un instant l’une des pages du dossier, tandis que j’hésitai entre noter « grave traumatisme cérébral », « folie latente » ou simplement « sens de l’humour me dépassant ». De toute manière, tous les sens de l’humour me dépassaient. Bon, ne restaient que les deux premiers choix, alors. Je levai brièvement les yeux pour croiser le regard de la jeune fille et soupirai.

      « Possible commotion cérébrale. »

    Disons que c’était mon jour de clémence. Je remis le stylo dans la poche de ma blouse d’infirmier, et posai le dossier pour reprendre mon matériel.

    Nous allons examiner tout ça, dis-je en me tournant vers elle et en l’invitant à s’asseoir. Dites moi encore, est-ce que vous avez des maux de tête ou des troubles de la vision ? Vous avez subi une perte de connaissance ?

    Elle avait dit qu’elle était sonnée, mais il y avait une différence entre ça et un évanouissement. Si perte de connaissance il y avait, cela s’accompagnait peut-être d’une fracture, et il aurait fallut faire une radiographie. Même si on supposait si souvent un traumatisme crânien à la suite d’une chute, que la radio était presque toujours recommandée, ne serait-ce que pour rassurer les patients. Enfin, ça c’était mon point de vue. Parce qu’au niveau de la direction, on pensait plutôt que moins on en faisait, moins on dépensait. Evidemment, ces mêmes personnes n’avaient jamais eu affaire à des patients angoissés par le moindre bobo. Pour ma part, j’espérais que je n’avais affaire qu’à une simple commotion cérébrale. Je soignerai la plaie, ferai des points de suture s’il le fallait – malheureusement, nous avions beau être au 23e siècle, l’hôpital n’avait pas jugé utile de nous équiper d’un robot-chirurgien spécialisé dans ce domaine... mais en fait ça m’était égal car j’aimais la couture – je ferai une radio qui ne montrerait rien, et la patiente repartirait tranquillement chez elle vivre avec ses amis les gentils lapins roses.

    Bon. Je vais d’abord désinfecter la plaie. Si besoin est je vous ferai des points de suture. Mais tout d’abord, je dois vous couper quelques cheveux, fis-je en désignant le ciseau.

    Il n’y avait vraiment que lorsque je travaillais à l’hôpital que je prenais la peine de parler autant. Mais les patients aimaient bien qu’on leur explique tout ce qu’on leur faisait, ça les rassurait et ils avaient l’impression de tout comprendre. Habituellement je passais rapidement sur cette étape, mais cette jeune fille m’avait parue un peu angoissée au départ… je préférais donc éviter une crise de panique. Pas sûr qu'elle apprécie la 'coupe de cheveux', mais j'y étais forcé car ils recouvraient complètement la plaie, collés par le sang. Ils gêneraient non seulement sa suturation, mais aussi sa cicatrisation.

    J’espère que cela ne vous dérange pas, ajoutai-je sur un autre ton.

    J'aurais employé le même si j'avais voulu complimenter une jeune fille sur sa robe. Sauf que je ne complimentais pas les jeunes filles sur leurs robes. Ou quoi que ce soit d'autre, à bien y réfléchir... Enfin bref, nous n'étions pas là pour parler de ça. Habituellement, je ne jouais pas au gentleman avec les patients – ça je le réservais à mes clients – car comme dit précédemment, cela me faisait perdre du temps. Mais je savais que les femmes détestaient en général que l’on touche à leurs cheveux. J'avais pu le remarquer durant ma première année ici. Ma patiente était grande, blonde et du genre à ne pas dormir seule le soir, si vous voyez ce que je veux dire. Bref, une personne qui respirait la confiance en soi. Il avait fallu que je mentionne conjointement les mots 'ciseaux' et 'cheveux' pour qu'elle se mette à hurler. J'avais beau expliquer que c'était dans son propre intérêt, elle n'écoutait rien... ou n'entendait rien, entre les menaces de mort et de poursuite judiciaire qu'elle me hurlait à la figure. Depuis ce jour, je préférais prendre les devants en expliquant le pourquoi, le comment et en laissant croire au patient qu'il avait le choix. Parce que je n'étais pas du genre à tolérer un refus. Ce qui expliquait pourquoi je me trouvai déjà à côté d’elle, ciseaux en main.

    Penchez légèrement la tête en avant, dis-je sur un ton qui n’admettait aucune réplique.

    C’était vite-vu, à partir du moment où je soignais quelqu’un, je détestais subir un dérangement. Qu’il vienne de l’extérieur ou du patient lui-même. Tandis que j’examinai la plaie, je constatai qu’elle était large mais pas aussi profonde que je l’avais imaginé. Je n’aurais peut-être pas besoin de suturer. Cependant la plaie saignait encore pas mal, ce qui m’ennuyait un peu. C’était non seulement gênant pour le patient, mais ça m’empêchait de travailler correctement. Bon. De toute manière avant de couper quoi que ce soit pour dégager tout ça, il fallait désinfecter le tout.
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